Le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) est souvent associé à l’enfance. Cependant, de nombreux adultes vivent avec ce trouble sans être diagnostiqués, ce qui affecte leur quotidien de manière significative.
Vous vous posez des questions sur le diagnotic ? On vous dit tout dans cet article.
Pourquoi le diagnostic TDAH adulte est-il souvent retardé ?
Avant toute chose, il est important de savoir que la majorité des personnes concernées par un TDAH ont mis du temps avant de pousser la porte d’un psy. Si vous hésitez actuellement, rassurez-vous : c’est parfaitement normal.
1. Un trouble encore méconnu
Beaucoup de personnes ignorent qu’elles souffrent d’un TDAH., et ce, même si elles ont déjà consultés des psys. En effet, les symptômes sont souvent confondus avec le stress, l’anxiété ou d’autres troubles.
Par ailleurs, les adultes développent souvent des stratégies de compensation qui masquent leurs difficultés de concentration, leur impulsivité ou leur agitation motrice.
« J’ai mis des années avant d’aller consulter. Je sentais bien que j’avais des difficultés au quotidien mais j’étais dans une sur-adaptation. Mon TDAH était complétement masqué. »
2. Des idées reçues qui freinent le diagnostic
Le TDAH est encore perçu comme un trouble de l’enfance. De nombreux adultes passent donc à côté d’un diagnostic TDAH adulte, ne réalisant pas que leurs difficultés sont liées à un trouble du neuro-développement.
Le trouble a en effet pu ne pas être détecté dans l’enfance.
« On disait simplement que j’étais un enfant agité… mais les difficultés à me concentrer se sont empirées au fil des années »
« J’étais une petite fille et je n’étais pas embêtante à l’école. C’était mon cerveau qui était hyperactif. D’ailleurs, les petites filles sont moins diagnostiquées que les petits garçons. On rentre plus dans le moule et je rentrais dans le moule. »
3. Un accès difficile aux spécialistes
L’accès à un neuropsychologue ou un psychiatre spécialisé peut être long et coûteux, freinant ainsi la démarche diagnostique. De plus, la peur de la stigmatisation liée aux troubles cognitifs pousse certains à éviter les consultations.
« Il faut dire à ceux qui veulent aller constulter que cela peut être long mais il ne faut pas se décourager. »
« J’avais déjà vu plusieurs psychologues mais aucun ne m’a parlé du TDAH. Ce fût un soulagement quand j’ai reçu le diagnotic. Tout faisait enfin sens ».
4. La peur de ne « rien avoir »
Beaucoup hésitent à consulter par crainte qu’on leur dise que « tout est dans leur tête ». On ne vit que dans son cerveau et on peut se dire que ces difficultés de concentration concernent aussi les autres et qu’on arrivement simplement moins bien à gérer.
On a peur que le professionnel nous renvoit chez nous en nous disant que c’est un effet de mode, qu’il faut qu’on arrête de s’auto-diagnotiquer avec ce qu’on lit sur Internet, etc…
Cette peur de l’invalidation pousse certains à éviter le diagnostic TDAH adulte de peur d’embêter le psy ou d’être désavoué.
Sachez que les études estiment que les adultes concernés minimisent généralement l’impact du TDAH sur leur quotidien. Et évidemment…. la fichue tendance à la procrastination incite souvent les personnes concernées à reporter le diagnotic encore et encore…
« J’avais peur que le psy me disent qu’il en avait assez des gens qui croient avoir un TDAH ! »
« J’avais peur qu’il me dise que si j’avais eu un TDAH, je l’aurais su plus tôt. »
Cela vous parle ? Alors on continuce.
Diagnostic TDAH adulte
Le TDAH est un trouble caractérisé par des symptômes d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité. On estime, selon les études, que le TDAH adulte concerne entre 2,5 et 4% des adultes, soit environ 2 millions de personnes.
Seul 1% aurait reçu un dianostic officiel.
Faut-il avoir un diagnostic officiel ?
La décision de passer un diagnostic officiel est personnelle et dépend de votre ressenti face à vos symptômes.
Si vous vous reconnaissez dans les signes du TDAH adulte mais que cela ne vous cause pas de difficultés majeures au quotidien, il n’est pas forcément nécessaire de consulter.
Cependant, un TDAH non diagnostiqué peut avoir des conséquences, comme une baisse de l’estime de soi, des difficultés relationnelles ou des problèmes professionnels liés à l’inattention et à l’impulsivité.
Obtenir un diagnostic précis permet de mieux comprendre son fonctionnement, d’adopter des stratégies adaptées et, si besoin, d’accéder à un traitement médicamenteux ou à un suivi thérapeutique pour améliorer la gestion des symptômes et la qualité de vie.
« Depuis que je lisais des articles sur le TDAH, je me reconnaissais dans les symtômes. Mais j’avais l’impression de ne pas en souffrir assez pour aller consulter. C’est en consultant que j’ai mesuré l’impact du TDAH dans mon quotidien. J’avais tout minimisé. »
Symptômes du TDAH chez l’adulte
Nous avons dédié de nombreux articles sur les symptômes du TDAH à l’âge adulte.
Dans les symptômes du TDAH, on peut évoquer :
- Difficulté à se concentrer sur des tâches
- Oubli fréquent des rendez-vous et des tâches
- Procrastination et incapacité à terminer des projets
- Impulsivité dans les décisions
- Difficulté à organiser son temps et ses activités
- Sentiment d’agitation intérieure
Et le problème est là : on a tous parfois des difficultés à se concentrer, on oublie tous parfois des choses et on procrastine tous parfois.
Mais la question est celle de l’impact dans le quotidien, de la durée, de la fréquence, etc…
« Je me disais qu’on éprouvait tous des difficultés mais que les autres géraient mieux que moi. »
« Mes proches me disaient que je devais mieux m’organiser, arrêter de partir dans tous les sens, et je culpabilisais. J’avais tout internalisé. C’était « de ma faute ». Si je les avais écouté, jamais je ne serais allé consulter. »
Rappelez-vous : seul un professionnel de santé formé pourra vous aider à y voir plus clair.
Le processus de diagnostic TDAH adulte
Qui consulter pour un diagnotic TDAH ?
Nous avons dédié un article entier au parcours de soin. Mais il est important de rappeler que seul un médecin peut poser le diagnostic de TDAH. Il s’agit en effet d’un diagnostic médical.
Vous pouvez commencer par en parler à votre médecin généraliste. Attention : nous sommes navrés de le dire, mais de nombreux médecins ne sont pas sensibilisés au TDAH. Cependant, un médecin généraliste formé pourra vous apporter des réponses à vos questions et vous conseiller un médecin spécialiste du TDAH : soit un psychiatre, soit un neurologue.
Un psychologue peut également vous faire passer les tests mais il ne pourra pas poser un diagnostic médical ni vous prescrire un traitement ou des médicaments. Il vous renverra vers un psychiatre ou un neurologue. Souvent les deux professions travaillent ensemble.
« Quand j’ai parlé du TDAH à ma médecin généraliste, elle a haussé les sourcils. Pour elle c’était un effet de mode. Finalement, c’est toute seule que j’ai fait la démarche. Je suis allée voir une psychologue mais elle n’était pas spécialiste. Alors j’ai pris rendez-vous avec un psychiatre spécialiste. Des mois d’attente, mais la lumière au bout du tunnel. »
« Il faut oser dire aux personnes qui vous lisent que c’est un parcours du combattant mais qu’il ne faut pas lâcher. Il faut oser appeler, frapper à toutes les portes. C’est pareil pour les enfants. Cela provoque une réelle détresse, mais le jeu en vaut la chandelle. »
« J’ai l’impression que le diagnostic dans le public tient du miracle. J’ai frappé à la porte du CMP (ndlr : centre médico-psychologique) mais mon cas ne semblait pas intéressé. Il y a beaucoup d’effet d’annonce, mais la réalité est qu’il faut souvent économiser et trouver par soi-même. »
Où trouver des professionnels formés ?
C’est une question qu’on nous pose sans cesse… Il n’existe pas de liste officielle de professionnels formés au TDAH. Nous avons quelques noms de professionnels à recommander mais nous ne couvrons pas toute la France.
Cependant, vous pouvez faire une requête sur les sites de prise de rendez-vous comme Doctolib. Vous pouvez regarder les spécialités et diplômes du médecin que vous souhaitez aller consulter pour ainsi vérifier qu’il est bien formé.
Pour le moment, il y a très de souvent de très longs délais que ce soit le public ou dans le libéral. Même si la patience des personnes ayant un TDAH n’est pas une qualité qui coule de source : pour ce point, il faut souvent s’armer de patience. Vous pouvez avoir des mois d’attente avant d’obtenir un rendez-vous.
L’offre sur le territoire est hétérogène, mais pas de jaloux, c’est partout très long.
Vous pouvez profiter de la période d’attente pour réfléchir à vos symptômes, pour essayer de vous renseigner sur le sujet, retrouver (si vous le pouvez) des cahiers scolaires de votre enfance, etc… Mais surtout : mettez votre impulsivité de côté et n’annulez pas au dernier moment !
Quelles sont les étapes ?
Le diagnostic du Trouble de l’attention chez l’adulte implique plusieurs étapes.
Cela veut dire que ce n’est pas en une séance que vous aurez un diagnostic.
Nous détaillons le processus dans cet autre article sur l’évaluation TDAH : comment se passe le diagnotic ?
- Consultation initiale : vous aurez tout d’abord une première séance avec le médecin. Il s’agit d’une première rencontre où vous allez échanger ensemble avec le médecin.
- Évaluation des symptômes : Il vous demandera, souvent avant ou pendant le deuxième entretien de remplir des questionnaires (il peut également vous demander de les faire remplir à votre entourage).
- Historique de vie : Il échangera ensuite avec vous pour connaître vos antécédents médicaux, scolaires et professionnels pour identifier les symptômes persistants depuis l’enfance
On peut régulièrement voir la grille des symptômes sur le TDAH sur Internet. Mais seul un psychiatre ou un neurologue est à même de diagnostiquer le TDAH. En effet, les signes du TDAH peuvent être semblables à ceux d’autres troubles ( des troubles anxieux, de la dépression), ce qui complique le diagnostic. Et c’est l’échange avec le médecin qui permettra de comprendre s’il s’agit ou non d’un TDAH.
Si votre médecin estime qu’il serait bénéfique pour vous de prendre des médicaments, il ne vous les donnera pas comme ça. En France, avant de débuter un traitement par méthylphénidate (comme la Ritaline, Concerta ou Quasym), un électrocardiogramme (ECG) est souvent recommandé, voire obligatoire dans certains cas.
Critères diagnostiques selon le DSM-5
Le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) est une référence couramment utilisée pour diagnostiquer le TDAH.
Selon le DSM-5, pour être diagnostiqué, un adulte doit présenter au moins cinq symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité persistants depuis l’enfance, impactant négativement plusieurs domaines de la vie.
Options post-diagnostic
Après le diagnostic, plusieurs options sont disponibles :
- Médicaments : des traitements médicamenteux existent et il convient d’analyser les bénéfices et les risques.
- Thérapies comportementales et cognitives : techniques pour développer des stratégies de gestion.
- Psychoéducation
- Participation à des groupes de parole
- Stratégies de gestion quotidienne via des lectures, des test, etc…
Conclusion
Le diagnostic du TDAH chez l’adulte est une étape essentielle pour améliorer la qualité de vie et accéder aux traitements nécessaires.
Ne vous dites jamais que vous allez « embêter le psy » ou « qu’il va se moquer de vous ». Son rôle est d’aider. Si vous avez mal au genou, vous allez consulter un généraliste ? Et vous n’êtes pas gêné si il vous dit qu’il faut simplement patienter. Il en est de même pour le TDAH. Ne craignez pas la gêne.
Si vous êtes en souffrance, si vous vous retrouvez dans les symptômes : n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé. Le parcours peut être long avat le diagnostic. Mais il s’agit d’une étape clef pour beaucoup d’entre nous.