Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ne se limite pas aux enfants. Chez l’adulte, il influence profondément la manière dont nous travaillons et gérons les tâches quotidienne. Et il y a un réel impact du TDAH sur la productivité.
Parmi les défis les plus courants rencontrés, notamment au travail, on retrouve notamment l’ »amplification », la procrastination, la pseudo-efficacité et le jonglage entre projets.
Ces comportements, bien que compréhensibles dans le contexte du TDAH, peuvent perturber notre productivité et générer du stress.
Alors, comment les identifier et les gérer ? Nous vous proposons quelques pistes dans cet articles.
⚠️Deux précautions en amont de cet article :
- Il est important de rappeler que ces difficultés peuvent conserner absolument tout les salariés et pas uniquement les personnes ayant un TDAH.
- S’il s’agit de problématiques classiques liées au TDAH, l’ensemble de ces problématiques ne concernent pas tous les adultes avec un TDAH. Chaque TDAH est différent.
Ces précautions prises : rentrons dans le vif du sujet.
1. L’amplification de la difficulté d’une tâche
Un comportement courant chez les adultes avec TDAH est la tendance à percevoir certaines tâches à venir comme excessivement difficiles ou insurmontables.
Cela peut entraîner des sentiments de doute quant à sa apacité à les accomplir. Il n’y a aucune rationnalité dans cette amplification, il ne s’agit pas du tout des tâches les plus difficiles ! Il peut s’agir de tâches simplissimes et ordinaires aux yeux des autres : compléter ses notes de frais, envoyer un document administratif, répondre à un email, etc…
Il s’agit de bruit mental qui se déroule dans le cerveau de la personne concernée sans objectivité avec la tâche. Et cela a naturellement un impact sur la productivité.
Exemple : On peut remettre à plus tard le rapport écrit du bilan d’un projet alors qu’on n’a eu aucun problème à effectuer le projet !
Comment y remédier si vous êtes concerné ?
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Décomposez les tâches
Fractionnez une tâche en étapes plus petites et abordables. Plutôt que penser à l’ensemble de la tâche et à l’ensemble de l’escalier à monter, focalisez-vous sur la première marche de l’escalier.
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Utilisez des rappels positifs
Rappelez-vous des succès passés pour contrer les doutes sur vos capacités. Dans un précédent article, nous vous recommandions de monitorer le temps que chacune des tâches vous prend pour réduire l’écart entre votre perception et la réalité.
2. La procrastination : quand le stress des échéances devient un moteur
Chez les adultes TDAH, la procrastination est souvent reine : on a cette tendance à attendre le dernier moment pour commencer une tâche. Ironiquement, le stress associé à une échéance imminente peut parfois nous fournir le focus nécessaire pour avancer.
Pourquoi cela arrive-t-il ?
Le TDAH affecte les fonctions exécutives, comme la planification et la gestion du temps. Les personnes atteintes de ce trouble ont donc souvent besoin d’un stimulus émotionnel fort, comme le stress, pour se motiver à agir.
Solutions pour mieux gérer
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Planifiez des “mini-échéances”
Créez des deadlines intermédiaires ! De nombreuses lectrices et lecteurs nous ont confié demander à leur manager, à leur équipe ou même à leur collègue de leur demander des points réguliers et de leur cadenser le temps.
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Travaillez par intervalles
Utilisez des techniques comme la méthode Pomodoro (25 minutes de travail, 5 minutes de pause). Nous détaillons dans l’article les avantages de cette méthode.
3. La pseudo-efficacité : éviter l’essentiel en se concentrant sur le secondaire
La pseudo-efficacité se manifeste lorsqu’une personne se sent productive parce qu’elle accomplit plusieurs petites tâches faciles, mais évite délibérément les tâches prioritaires.
Cela peut donner une illusion d’accomplissement, sans véritablement faire avancer les projets importants et créer une zone de stress importante : on sait qu’on n’a pas fait le plus important.
Exemple : Passer une matinée à trier ses e-mails ou organiser son bureau au lieu de travailler sur une présentation importante.
Comment sortir de ce piège ?
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Prioriser les tâches
Identifier les 3 tâches les plus importantes de la journée et s’y attaquer en priorité. Des organisateurs quotidien existent mais vous pouvez aussi noter simplement chaque matin vos objectifs du jour sur une feuille de papier.
Vous pouvez également utiliser la matrice Einsenhower pour vérifier les priorités de la journée. -
Se fixer des limites de temps
Allouer une durée précise aux tâches secondaires pour éviter qu’elles ne prennent tout le temps disponible.
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Évaluer son efficacité
À la fin de la journée, réfléchir à ce qui a réellement contribué aux objectifs principaux. Si vous voyez que vous n’avez rien fait de ce que vous deviez faire : inutile de vous en vouloir, vous ferez mieux demain. L’essentiel est d’observer ses comportements avec lucidité pour apprendre à mieux les gérer.
4. Le jonglage : multiplier les projets sans en terminer aucun
Le jonglage se produit lorsqu’une personne prend constamment de nouveaux projets ou tâches sans finir celles déjà commencées. Cela résulte souvent d’une impulsivité ou d’une recherche de stimulation, typiques chez les adultes ayant un trouble de l’attention.
Conséquences : Une accumulation de projets inachevés qui peut générer du stress et une impression d’éparpillement.
Stratégies pour mieux gérer :
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Adopter une approche “un projet à la fois”
N »acceptez pas de nouveaux projets avant d’avoir finalisé ceux en cours. Cela peut être frustrant, mais il s’agit d’une des seules façons d’avancer efficacement sur vos projets principaux sans risquer le burn-out. Cela peut évidemment paraître utopiste dans le monde professionnel où on doit toujours jongler entre plusieurs projets, rappelez-vous simplement de clôturer les projets en cours et d’être vigilent pour éviter la surchauffe et le burn-out.
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Utiliser des outils de suivi
Trello, Notion ou Todoist permettent de visualiser les tâches en cours et de rester concentré. Vous pouvez également avoir un tableau visuel sur votre agenda ou sur un tableau veleda vous permettant de visualiser l’ensemble des tâches en cours.
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S’imposer des limites claires
Dites “non” ou reporter les nouveaux projets lorsque la charge de travail est déjà élevée. Dire non s’apprend ! Cela peut aller contre votre nature d’enthousiaste et votre impulsivité, mais il est primordial de dire non pour se préserver.
Vous pouvez découvrir le module de formation « Apprendre à dire non »
En résumé :
- Utiliser des outils de gestion du temps et des tâches.
- Se fixer des limites et demander de l’aide lorsque nécessaire.
- Travailler dans un environnement structuré.
Minimiser l’impact du TDAH sur la productivité
Les adultes TDAH ont souvent une sensibilité accrue aux stimuli et une tendance à rechercher des tâches gratifiantes sur le moment, au détriment des priorités à long terme. Il est important de sensibiliser les managers et l’entourage au sujet ! Tout le monde peut aider.
Pour les managers : comment aider
- Fournir des consignes claires et écrites : éviter de demander des choses entre deux portes à l’oral.
- Organiser des suivis réguliers pour vérifier l’avancement des projets.
- Encourager la flexibilité tout en aidant à structurer les priorités.
- Eviter de proposer de nouveaux projets ou de trop solliciter : la personne ayant un TDAH aura tendance à se détourner de sa tâche principale
En comprenant ces mécanismes et en adoptant des stratégies adaptées, il est possible de surmonter ces défis liés à l’impact du TDAH sur la productivité.
En favorisant un environnement de travail inclusif et structuré, les entreprises peuvent aider leurs collaborateurs TDAH à exploiter pleinement leur potentiel et à réussir dans leurs missions.
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